dimanche 20 novembre 2016

Déguerpissement des espaces publics: entre inquiétudes et menaces sur les activités économiques

Déguerpissement annoncé des espaces publics
Des femmes bientôt privées d’activités

Les occupants des espaces publics s'apprêtent à céder. Dans la douleur peut être.
Les dispositions sont prises depuis quelques jours pour que les occupants cèdent sans préjudice des espaces publics.
Sit-in des Femmes dénonçant les meures du gouvernement

L'application de la décision du gouvernement ne souffre d'aucune insuffisance. Le grand ménage dans la ville de Cotonou et autre s’annonce sous une forte disposition militaire. A Cotonou, les affiches publicitaires annoncent le dernier délai pour céder les espaces publics. Probablement le 31 décembre 2016, la ville sera libre, propre et les usagers ne se confronteront plus aux éventuels obstacles sur leur passage. C’est la volonté du gouvernement à travers son ministère en charge du cadre de vie et du développement durable. La mesure du ministère du care de vie et du développement durable ne vise pas que les occupants des terre-pleins centraux transformés en parc de vente de véhicules. Les abords des rues de Cotonou et des villes du Bénin notamment sont concernés. Pour la phase de déguerpissement qui s’annonce pour la fin du mois de décembre, soit en pleine fin d’année, où les activités économiques s’intensifient,  une équipe sillonne chaque arrondissement en compagnie des forces de sécurité bien armées. Les lieux visés sont marqués d’une croix rouge, qui signifie à casser et d’une croix bleue qui demande par ailleurs de dégager ce qui figure sur l’espace.
Un tour dans la ville de Cotonou renseigne, à cet effet, sur l'ambition du ministre du cadre de vie et du développement durable José Tonato, pour qui plus rien ne doit figurer sur les espaces publics à partir du 31 décembre 2016.
L’amalgame
Dans cet élan de déguerpissement, les autorités sèment la confusion dans les esprits. Un amalgame total de la part des gouvernants qui ne reconnaissent plus le droit des propriétaires sur une portion de deux mètres devant les maisons qu’ils peuvent exploiter à toute fins utiles. Cette pratique qui date de longtemps est remise en cause par le gouvernement qui entend plier les occupants des espaces publics artificiels et naturels. Avec cette ambition de donner à la ville tout son attribut, sous le prétexte d’un plan de modernisation, un plan qui d’ailleurs n’existe pas encore, les populations peuvent  dégager les abords des trottoirs aux mépris de leurs activités économiques. L'actuel préfet du Littoral, Modeste Toboula soutient fortement l’initiative et se plie en quatre pour faire exécuter la décision du gouvernement. « Les Cotonois sont habitués à un désordre total », remarque Modeste Toboula répondant ainsi à ceux qui estiment qu’il fait un rétropédalage dans ses décisions.  Plus d’opportunité d’activités économiques dans la capitale économique du Bénin ? En attendant que le ministre du cadre de vie se prononce pour expliquer le bien-fondé d’une mesure qui pénalise les citoyens, il est évident que les conséquences du déguerpissement seront très fâcheuses.
Frustration dans la grande masse
L’étape de sensibilisation n’a fait que surprendre les citoyens, ceux visés par le déguerpissement. Il faut remarquer la grande frustration dans le rang des femmes et des hommes qui ont leurs boutiques, leurs entreprises, leur lieux d’activité aux abords des voies. Selon les expressions d’un propriétaire de maison qui a reçu l’équipe de sensibilisation au quartier Houéyiho, à quelques encablures de l’échangeur, « la désolation est quand vous occupez les deux mètres devant votre maison et qu’on vienne maintenant vous contraindre de dégager ». Les plus touchés en effet, ce sont les vendeuses et autres propriétaires de boutiques qui subitement doivent abandonner leurs activités génératrices de revenu au nom des mesures d’assainissement de la ville. L’idée en elle-même n’est pas mauvaise. Elle ne sera pas mauvaise si elle épargne des frustrations éventuelles. Imaginez les menaces aux activités  génératrices de revenu par ces temps de morosité économique. Les citoyens, incapables de prendre les trois repas journaliers s’en remettent à la providence en désespoir de cause. Face une telle situation, décider de dégager les femmes et les hommes de leurs lieux d’activité « en rajoute aux peines des citoyens », prévient un conseiller local de Cotonou qui requiert l’anonymat. Il a espoir par ailleurs que le chef de l’Etat fera entendre raison pour revoir les choses dans ce sens. Car, « un pouvoir dont la décision menace la paix, la quiétude et tend à priver des citoyens d’activité est voué à l’échec », a-t-il souligné, très remonté. En attendant d’évaluer les statistiques des personnes à priver d’activités, il est opportun que des situations atténuantes soient trouvées aux prochaines victimes de cette mesure.
 Trop de fantaisie
Les agents marqueurs font preuve de fantaisie sur le terrain. Le préfet Modeste Toboula aussi a fait la remarque et promet aller pour constater et apprécier le travail de marquage des espaces publics.  C’est donc la preuve que les populations sont sacrifiées avec cette mesure qui ne favorise visiblement pas le développement d’activité économique. Elles le seront davantage si les autorités ne parcourent pas ces lieux marqués pour rassurer des mesures.  Sur leur passage, en complicité avec les agents de sécurité, ils passent la peinture sans la moindre attention. Le travail des agents marqueurs n’est fondé sur aucune étude préalable, mais ils foncent avec beaucoup de fantaisie.


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