Les difficultés de transhumance qui opposent souvent éleveurs et agriculteurs seront d’un lointain souvenir. Dans la commune de Kouandé, la création des aires de pâturage mobilise différents acteurs, pour environ deux cents hectares de restauration de paysage forestier, facilitant un couloir de passage pour le bétail.
La création des
aires de pâturage devient une réalité dans les arrondissements de Birni et
Oroukayo à Kouandé. Un aménagement de plusieurs hectares est en cours pour
faciliter la transhumance. Cette création d’aires de pâturage mobilise
différents acteurs et participe à la restauration du paysage forestier dégradé
du fait des activités humaines. Un
total de deux cents hectares d’aires de pâturage à réhabiliter à Kouandé avec
la participation des élus locaux et des populations riveraines. Cette
initiative du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et
du Développement (Bmz) à travers le projet Forests for future (F4F) sera un
atout dans la pacification des conflits entre éleveurs et agriculteurs.
Au terme de cet
aménagement, le bétail aura accès aux ressources naturelles de l’écosystème
sans endommager les champs des agriculteurs, souvent source des affrontements. À
Yakabissi, un village de l’arrondissement de Birni, les activités de
restauration du paysage dans le cadre de la création des aires de pâturage se
poursuivent. Les acteurs expriment leur satisfaction de constater un changement
et se projettent pour une exploitation judicieuse. Autrefois, déclare Sabi
Orou, éleveur possédant une centaine de bœufs à Makrouwirou, un hameau de
Yakabissi, les éleveurs ne trouvent pas d’espace pour paître leurs animaux. Il
pose le problème de manque d’espace de pâturage qui entraine souvent les
conflits entre éleveurs et agriculteurs dans la plupart des régions de
l’Atacora et au-delà.
Un
couloir de transhumance en gestation
« Si ce qui
est promis est réalisé, il y aura un changement radical dans l’exercice de nos
activités. J’ai espoir que les difficultés de pâturage et l’inaccessibilité des
ressources en eau pour abreuver les animaux seront un lointain souvenir »,
déclare Sabi Orou. L’envie de voir aboutir les différentes réalisations dans le
cadre de ce projet est manifeste. Dans l’agenda de restauration, il est prévu
une variété d’infrastructures. Sur le site, informe l’équipe de supervision, la
construction des infrastructures à savoir la réalisation des points d’eau dont
trois sont déjà identifiés, la mise en terre des plants et des espèces qui
pourront fournir des fourrages utiles pour le bétail participent à l’activité
de restauration du paysage forestier de Yakabissi et environs.
Habib Tahouénakou,
superviseur de la zone Kouandé mandaté par l’Ong Espace vie et développement
(Evd) pour le compte du F4F, explique dans les moindres détails l’architecture
du paysage. En ce qui concerne les aires de pâturage, il s’agit comme
indicateur d’aménager deux cents hectares, avec huit aires de pâturage à
Kpankpankou, Oroukayo, Kpessourou, Nikenin Bansou 1 et 2, Yakabissi,
Makrouwirou et Wakoutèbor, informe-t-il. Après l’identification de ces aires
de pâturages, l’équipe de l’Ong procède à l’aménagement sylvo agropastorale et
au reboisement en enrichissement du site. Il est question, ajoute Habib
Tahouénakou, d’introduire des espèces fertilisantes et celles qui pourront
produire plus tard des fourrages utiles pour le bétail. Comme espèces introduites
au niveau des différentes aires de pâturage, le superviseur cite le Khaya
Senegalensis, l’Afzélia africana, le Leucaena leucocephala, le Mucuna comme
légumineuse, et le Kajanus Kajan, puis le Panicum maximum pour les gramineux »,
détaille le superviseur.
Résilience
face aux changements climatiques
L’aire de pâturage
de Makrouwirou s’étend sur trente hectares et on y retrouve les différents
blocs de vingt-cinq (25) hectares ceinturés avec le Khaya Senegalensis qui a
servi à délimiter un couloir de passage pour le bétail afin qu’il s’abreuve en
temps réel au niveau des différents points d’eau à finaliser. Des blocs constitués
de différentes espèces s’observent avec des plants mis en terre suivant un
écartement de vingt (20) mètres entre eux. « Observer un reboisement en
enrichissement bien en hauteur sur les blocs où la densité a été énorme. On a
fait la mise en défens à ce niveau-là », ajoute Habib T. il rappelle que le
site aménagé sera accessible aux éleveurs à partir de 2025 dans l’espoir que
les plants mis en terre aient poussé convenablement. Ces espèces de grande
valeur nutritive pour les animaux contribuent à la fertilisation du sol,
a-t-expliqué. Les éleveurs étant sensibilisés sur les enjeux, ils pourront se
servir de cinq hectares d’espace non encore aménagés en attendant de voir les
vingt-cinq restaurés fonctionnels d’ici 2025. « L’aménagement sylvo
agropastorale est un système résilient face aux changements climatiques. Ce
système contribue à la restauration du paysage forestier », a souligné
Habib T.
Le but de cette
restauration avec ces types d’espèces est la résilience du système face aux
changements climatiques et pour atténuer les conflits entre agriculteurs et
éleveurs à travers la fourniture de fourrages à long terme. Il vise aussi la
fertilité du sol, ce qui explique la mise en place de ces légumineuses de
Kajanus Kajan et le Mucuna. La pérennisation des acquis de cette initiative étant
une priorité, un comité de gestion est mis en place. Il a aussi pour mission d’assurer
la sécurité des aires afin que le bétail ne s’introduise sur les sites pour
détruire les plants installés. Le comité se charge
d’orienter les troupeaux vers d’autres sites pour l’alimentation. La réussite
de cette restauration du paysage forestier passe par l’implication des
populations bénéficiaires. Elles ont été sensibilisées sur les activités en
place et les avantages du reboisement. Toutes choses qu’apprécie Sabi Farouk,
conseiller du délégué de Makrouwirou. Il reconnait l’utilité de la restauration
et n’hésitera pas à profiter du point d’eau avec sa communauté, pour faire d’autres
activités telles que le maraichage et des activités de transformation.
L’intérêt de ces
investissements, détaille l’animatrice Judith Bachabi est de permettre aux
éleveurs de ne pas trop s’éloigner en quête de point d’eau pour le bétail
pendant la sécheresse. Ils restent désormais dans leur milieu pour paître leurs
animaux tout en passant à d’autres activités. Cette expérience d’aire de
pâturage en gestation à Kouandé est une solution au conflit tant décrié qui
oppose les agriculteurs aux éleveurs. Ces derniers ne manqueront plus de
couloir de passage dans leurs activités de pâturage. Il reste qu’à respecter la
réglementation en vigueur en matière de transhumance notamment le code
pastoral, pour une paix durable dans la communauté.

