Le Bénin fait l’option de rendre moderne le secteur agricole. Une option qui se traduit depuis lors par la promotion des machines agricoles cédées aux paysans à coût subventionné. Cette vision se traduit aussi par l’équipement et la rénovation des lycées techniques d’une part et d’un vaste projet de construction de nouveaux lycées dont la concrétisation se précise d’autre part. Analysant les atouts de telle politique qui concourt au développement de la mécanisation agricole au Bénin, Mohamed Gbadamassi, enseignant formateur au Lycée technique agricole de Natitingou, spécialiste en Aménagement et équipement rural dit sa satisfaction. Dans cet entretien, il détaille les avantages liés au mécanisme et relève les différents appuis du gouvernement qui facilitent l’émergence du secteur agricole.
Qu'appelle-t-on machinisme agricole ?
Mohamed Gbadamassi : On parle du machinisme lorsqu’on utilise les machines à
la place de l’homme. Lors de l’âge de la pierre taillée, c’était les outils
rudimentaires et la cueillette que nos parents utilisaient pour réaliser
l’agriculture. Mais aux temps modernes, l’agriculture est d’abord passée par
l’utilisation des animaux de trait avant de venir maintenant aux machines
agricoles. En gros, on parle de machinisme lorsqu’on utilise des machines
agricoles pour remplacer les actions de l’homme dans l’agriculture. D’un point
de vue technique, la mécanisation agricole fait recours à l’utilisation de
plusieurs machines agricoles dont le tracteur agricole, un véhicule automoto à
quatre roues, ou à chenille qui est utilisé pour diverses activités champêtres
à savoir la traction, le labour …
Actuellement au Bénin, ce sont les lycées agricoles qui sont autorisés à
former officiellement pour devenir soit un tractoriste ou un mécanicien
agricole. Il y a des centres professionnels privés aussi qui forment. Pour vous
spécialiser en machinisme agricole, vous pouvez le faire au niveau secondaire
ou au niveau supérieur. À l’intérieur des lycées, il y a une spécialité qu’on
appelle Aménagement et équipement rural (Aer) que peut faire toute personne qui
envisage de devenir tractoriste ou machiniste agricole. Le cycle est de quatre
ans pour le niveau 2 soit deux ans de tronc commun et deux ans de spécialité.
Quels sont les avantages liés à l’utilisation des
machines dans l’agriculture ?
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Les avantages liés à l’utilisation des machines agricoles sont multiples. Aujourd’hui,
grâce aux tracteurs et aux différentes machines dans l’agriculture, on augmente
nettement le rendement agricole. L’on peut emblaver plusieurs superficies, ce
qui n’était pas possible par le passé. Avec les équipements agricoles, il est
loisible de faire le nombre d’hectares voulu et de transporter facilement les
produits du champ à la maison. Or, les gens n’arrivaient pas à atteindre ce
seuil de rendement comme c’est le cas de nos jours. Par le passé, un producteur
lambda qui produit le coton prendrait plus d’une semaine pour labourer un
hectare, mais aujourd’hui, il peut labourer jusqu’à quatre hectares en un temps
record. Cela fait partir des avantages du tracteur de nos jours. L’intérêt pour
ces machines agricoles, c’est qu’elles facilitent l’agriculture aux producteurs.
On est passé de l’agriculture traditionnelle à l’agriculture moderne. Et le gouvernement par ses actions
accompagne beaucoup le secteur agricole à travers la présence de certaines
sociétés comme la Société nationale de la mécanisation agricole (Sonama). Elle
est plus proche des paysans et fait la promotion de certains engins agricoles
comme les tracteurs pour accompagner les producteurs.
L’apport technologique dans l’agriculture a-t-il un
impact ?
L’on peut faire des activités qui n’étaient pas faciles à l’époque plus aisément
avec les machines introduites dans l’agriculture. Par exemple, un paysan qui
fait des champs les traitait traditionnellement avec des produits
phytosanitaires. Mais aujourd’hui, avec les engins agricoles, il suffit de
mélanger le produit et d’atteler ça derrière le tracteur et en un temps record,
il a déjà traité son champ. L’autre avantage c’est que, l’agriculture
auparavant était faite de façon brute ou brutale. Les gens savaient seulement
que pour produire, il faut labourer soit avec la houe soit avec la daba. L’utilisation
des machines agricoles facilite encore les choses à travers la modernisation du
sol. Aujourd’hui nous pouvons faire soit le labour ou le semi-direct. Le
strip-till, aussi appelé travail en bandes développé aux États-Unis et en vogue
dans les pays francophones est une des techniques qui vise à travailler
uniquement sur la future ligne de semis. Autant d’impacts, il suffit d’avoir la
technicité et de disposer des moyens nécessaires.
Quel type de machine est-il indiqué ou conseillé aux
agriculteurs ?
Les agriculteurs ont le choix entre des tracteurs équipés et adaptés à nos
sols et à nos climats. Il y a des tracteurs de marque Mahindra et Case qui sont
de différentes puissances. Il y en a de 25, 30, 45, 60 et 90 chevaux qui se
vendent à ladite société qui a ses démembrements dans les communes. Mais le
choix d’une machine agricole ou d’un tracteur va avec le type de terrain et la
superficie que vous disposez en tant que fermier ou agriculteur. Si vous avez
une superficie inférieure ou égale à dix hectares, vous ferez mieux de ne pas
aller acheter un tracteur de grande puissance. Un tracteur de 20 ou 30 chevaux est
adapté pour pouvoir économiser. La puissance va avec l’économie, plus votre
tracteur est puissant, plus il vous fait dépenser. Moins votre tracteur est
puissant, moins il vous fait dépenser, mais il fait correctement le travail.
Par exemple les tracteurs Case de 45 chevaux peuvent labourer jusqu’à quatre
hectares par jour. Donc un producteur qui a de 10 à 40 hectares et qui veut
labourer son champ, s’il prend dix jours, il a fini de labourer s’il n’y a pas
de difficulté majeure et il peut aller faire des prestations pour d’autres
personnes pour pouvoir encore gagner de l’argent. Pour celui qui a des
tracteurs de 35 chevaux aussi, il peut labourer jusqu’à trois hectares par
jour.
Un tracteur c’est aussi des outils à utiliser pour pouvoir labourer. Si on
veut faire le labour, il faut des outils ou principalement la charrue dont
celle à soc ou à disque. Vu le terrain de l’Atacora beaucoup plus caillouteux,
la charrue à disque est plus adaptée. Elle permet de rouler sur les obstacles
lors du labour alors que la charrue à soc lors du labour peut se casser lorsqu’elle
rencontre des obstacles ou elle tire le conducteur. En dehors des tracteurs, il
y a aussi les motoculteurs qui sont utilisés aussi toujours pour la mécanisation
de l’agriculture. Elles sont généralement utilisées dans les fermes par ceux
qui font le maraîchage ou par des gens qui ont des espaces très limités. Si un
fermier dispose de cinq hectares, il peut acheter un motoculteur et essayer de
labourer environ 1,5 hectare par jour. On peut l’utiliser non seulement pour le
labour, mais aussi pour semer, ou faire le sarclo-buttage ou sarclo-binage. On
peut l’utiliser pour transporter. Tout ce que le tracteur fait, le motoculteur
peut aussi le faire seulement que la puissance qui est réservée pour le
motoculteur n’est pas le même que pour le tracteur. Il est plus puissant que le
motoculteur donc la charge du tracteur sera nettement supérieure à celle que
peut supporter le motoculteur.
Le gouvernement s’investit-il pour faciliter la
mécanisation agricole ?
À travers le Pag, le gouvernement accompagne beaucoup les producteurs
aujourd’hui. Si un producteur a un problème, il peut s’adresser aux Agences
territoriales de développement agricole (Atda) pour poser sa préoccupation au
niveau des démembrements de la Sonama. Grâce à cette politique du gouvernement,
le producteur lambda qui a acheté son tracteur, en cas de panne, il n’est plus
obligé d’aller jusqu’au sud ou à Parakou avant de trouver de pièce de rechange.
Mis à part cela, le gouvernement a subventionné le prix des tracteurs pour
faciliter l’accès. Les agroéquipementiers de la société sont à l’écoute des
fermiers pour les préoccupations et pour accompagner les agriculteurs. Grâce à cette
politique d’accompagnement, les agriculteurs ont augmenté leur production.
Le projet d’équipement et de la modernisation des lycées
techniques agricoles, comment l’appréciez-vous ?
Le gouvernement à travers sa politique du Pag évolue dans ses réformes.
Nous, en tant qu’acteurs du système de l’enseignement, nous ne pouvons que
l’accompagner dans ses réformes. C’est une bonne chose et on aura des lycées
thématiques et d’autres lycées vont s’ajouter. Dans cette réforme les lycées techniques
ne vont pas disparaître, on va spécialiser les formations. Elles seront
thématiques et il y aura d’autres lycées agricoles thématiques qui vont
s’ajouter. Nous souhaitons vivement que cela se réalise parce que c’est une
bonne politique. Dans un lycée technique agricole par exemple, vous avec comme
filière : ‘’Production animale’’, ‘’Production végétale’’, ‘’Pêche’’,
‘’Aménagement et équipement rural’’, ‘’Foresterie’’, ‘’Transformation des
nutriments et conservation’’… Cette politique de redynamiser le secteur de
l’enseignement secondaire technique va permettre à ce que la formation se
rapproche beaucoup plus de la population.

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