dimanche 4 mai 2025

Secteur de santé: La complémentarité entre la médecine traditionnelle et moderne comme atout au traitement des maladies

 La médecine traditionnelle classée dans la catégorie de l’artisanat tend à apporter un coup de main à la médecine moderne. Ses acteurs formulent le vœu d’une complémentarité pour soulager des vies au regard des maladies émergentes dont le traitement fait saigner.


« Aujourd’hui, si la médecine moderne ne tient pas bien la médecine traditionnelle, je pense qu’on ne peut pas lutter contre les petites maladies qui occasionnent des morts. On est appelé à travailler main dans la main pour soulager les populations », affirme Mahafouz Baparapé. Il est tradi-thérapeute, président départemental de l’Union des organisations de santé en médecine traditionnelle, un groupe de chercheurs tradi-thérapeutes du Bénin. Il estime qu’il y a un lien entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle. C’est ce qui explique selon lui le fait que les autorités reconnaissent la médecine traditionnelle à travers des autorisations accordées aux acteurs du secteur. Celles-ci s’obtiennent sans difficulté, il suffit de remplir les conditions fixées par la loi.

La médecine traditionnelle, poursuit Mahafouz Baparapé pourrait émerveiller si elle bénéficie encore de plus d’attention. Elle ne surpassera pas la médecine moderne, mais l’aidera à trouver solution aux questions de santé des populations, pense-t-il. Il dispose dans ses rayons divers produits utilisés pour guérir des maladies diagnostiquées par un médecin. « Lorsque l’hôpital ne peut plus traiter, je reçois et je traite à cent pour cent. Je demande une analyse à l’hôpital et c’est suite aux résultats que je traite les cas et j’ai les résultats », confirme-t-il. Mahafouz B. rassure que tout traitement se fait suivant un diagnostic de l’hôpital.

Il témoigne avoir reçu et traité quelqu’un qui souffre de la hernie. A l’hôpital, il est dit qu’il sera opéré, mais après avoir échangé avec le médecin traitant, confie-t-il, une semaine de traitement, le mal est parti. L’intéressé a tout uriné, affirme-t-il. Un autre cas d’hémorroïde sortie du rectum pour quelqu’un dont les parents s’apprêtent à aller à l’hôpital de Tanguiéta pour l’opération. « J’ai demandé à le traiter, puis j’ai retourné cette partie et avec les traitements, c’est terminé. Lui qui n’arrivait pas à bander, tout est rentré dans l’ordre », a témoigné Mahafouz B. Si la finalité c’est de sauver des vies, les tradi-thérapeutes pensent que la médecine à travers la science peut coopérer avec la médecine à travers les plantes.    

Une collaboration à encourager, le Bénin y travaille

« La quête de guérison par les médicaments se fait aussi par les plantes. Il y a des maladies qu’on peine à traiter dans les hôpitaux, mais qu’on pouvait guérir si on avait associé la médecine moderne et la médecine traditionnelle avec une ou deux heures de différence pour l’application des produits. La complémentarité, je vous assure, c’est super », fait constater Donatien Gnongon, tradi-thérapeute, missionnaire pastoral depuis 1996. Il mène des recherches depuis son installation à Natitingou sur les vertus des plantes qu’il applique aux maux et rassure que le résultat est extraordinaire.

Faisant remarquer que les ministères de santé des gouvernements mondiaux ont déjà homologué, accepté, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) que la santé moderne et traditionnelle se complètent, le pasteur souhaite que le mécanisme de collaboration soit réactivé. Il a affirmé que ladite collaboration n’est plus à penser, elle l’est déjà et mise en vigueur, sauf que ça traine. « Il faut que nos gouvernants comprennent que ça traine et qu’on ne doit pas liquider, brader l’intérêt du plus grand nombre. En toute sincérité, je remercie beaucoup le gouvernement de notre président Patrice Talon qui est en train de mettre en place les jalons nécessaires. Mais je prie que cela ne stagne pas », confie Donatien Gnongon.

Aux tradi-thérapeutes, dit-il, le ministère de la Santé partage des registres et régulièrement il y a des formations à leur profit pour se mettre à jour avec le niveau de progression dans la médecine. Ces registres sont partagés, témoigne le missionnaire pour que de temps en temps, il y ait des suivis pour voir comment les tradi-thérapeutes prennent en compte les malades ou pour apprécier les cas de maladie qu’ils reçoivent et comment ils les traitent. « Le gouvernement de Patrice Talon est en train de faire des efforts colossaux pour que la collaboration devienne réalité. Je prie que ça ne traine pas », a insisté Donatien Gnongon.

Il a expérimenté et remarqué qu’il y a des virus sur lesquels l’effet des médicaments tarde à agir, mais une fois que ce champ de résistance reçoit les produits phytosanitaires, le résultat est vite atteint. Le type de collaboration pourrait définir les modalités de référence d’un cas de l’hôpital vers la médecine traditionnelle et vis-versa. Donatien G. suggère qu’avec le système envisagé par le gouvernement, la confiance à certains d’entre les tradi-thérapeutes puisque la finalité c’est de sauver des vies et non de les laisser retourner en famille parce que l’hôpital n’en peut plus, obligeant les parents à dépenser toute une fortune sans satisfaction. Pour avoir souffert des années de maladies, il garde à l’esprit les vertus des plantes qui ont été utilisées pour sa guérison. Les plantes ont parachevé les efforts inachevés des hôpitaux, dit-il.   

Qualité des produits, une certitude 

Il conseille de faire recours aux plantes, pour renforcer les produits pharmaceutiques. Elles sont bien disponibles et à la portée des hommes qui n’y attachent pas d’importance. « Dans les villages, le paysan est en train de mourir sous l’arbre à pharmacie et il se plaint de n’avoir pas les moyens pour aller à l’hôpital. Il y a des herbes qu’on sarcle au champ parce qu’elles nous dérangent, mais il suffit de chercher une seule variété, préparer et boire matin et soir pour ne plus jamais tenter d’aller à l’hôpital », a-t-il affirmé.

Un effort se fait grâce à la formation, indique Mahafouz Baparapé pour assurer une bonne qualité des produits afin d’éviter le procès souvent fait aux tradi-thérapeutes. Les autorités en charge de la santé ont un regard dans la médecine traditionnelle dont les acteurs sont formés et recyclés pour sortir des produits phares. La loi n°2020-37 du 03 février 2020 portant protection de la santé des personnes en République du Bénin dispose en la matière. La formation prend en compte la mise en bouteille des produits pour qu’ils gardent toutes leurs propriétés, comment composer des produits sans effets secondaires, le mode de consommation ... « Tout s’apprend au cours des formations et je pense que cela nous aide à avoir de bons résultats si on s’associe avec les acteurs de la santé », détaille Mahafouz.

Il félicite les autorités qui travaillent à rapprocher les deux médecines par la formation et sensibilisation sur les lois en vigueur au Bénin et la visite récurrente des structures de la direction nationale de la santé publique au niveau des centres de fabrication des produits phytosanitaires pour s’enquérir des modes de production, l’efficacité et la posologie des produits...

Baparapé constate que des besoins en matériel ainsi que des appuis sont attendus des autorités pour soulager les patients que les centres traditionnels accueillent lorsque l’hôpital les rejette. Il en a accueilli trois cas au moins à Natitingou dont il s’en est occupé avec l’assistance d’un aide-soignant.

 

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