La médecine traditionnelle classée dans la catégorie de l’artisanat tend à apporter un coup de main à la médecine moderne. Ses acteurs formulent le vœu d’une complémentarité pour soulager des vies au regard des maladies émergentes dont le traitement fait saigner.
« Aujourd’hui, si la médecine moderne ne tient
pas bien la médecine traditionnelle, je pense qu’on ne peut pas lutter contre
les petites maladies qui occasionnent des morts. On est appelé à travailler
main dans la main pour soulager les populations », affirme Mahafouz
Baparapé. Il est tradi-thérapeute, président départemental de l’Union des
organisations de santé en médecine traditionnelle, un groupe de chercheurs tradi-thérapeutes
du Bénin. Il estime qu’il y a un lien entre la médecine moderne et la médecine
traditionnelle. C’est ce qui explique selon lui le fait que les autorités
reconnaissent la médecine traditionnelle à travers des autorisations accordées
aux acteurs du secteur. Celles-ci s’obtiennent sans difficulté, il suffit de remplir
les conditions fixées par la loi.
La médecine traditionnelle, poursuit Mahafouz Baparapé
pourrait émerveiller si elle bénéficie encore de plus d’attention. Elle ne
surpassera pas la médecine moderne, mais l’aidera à trouver solution aux
questions de santé des populations, pense-t-il. Il dispose dans ses rayons
divers produits utilisés pour guérir des maladies diagnostiquées par un
médecin. « Lorsque l’hôpital ne peut plus traiter, je reçois et je traite
à cent pour cent. Je demande une analyse à l’hôpital et c’est suite aux
résultats que je traite les cas et j’ai les résultats », confirme-t-il.
Mahafouz B. rassure que tout traitement se fait suivant un diagnostic de
l’hôpital.
Il témoigne avoir reçu et traité quelqu’un qui souffre
de la hernie. A l’hôpital, il est dit qu’il sera opéré, mais après avoir
échangé avec le médecin traitant, confie-t-il, une semaine de traitement, le
mal est parti. L’intéressé a tout uriné, affirme-t-il. Un autre cas
d’hémorroïde sortie du rectum pour quelqu’un dont les parents s’apprêtent à aller
à l’hôpital de Tanguiéta pour l’opération. « J’ai demandé à le traiter,
puis j’ai retourné cette partie et avec les traitements, c’est terminé. Lui qui
n’arrivait pas à bander, tout est rentré dans l’ordre », a témoigné
Mahafouz B. Si la finalité c’est de sauver des vies, les tradi-thérapeutes
pensent que la médecine à travers la science peut coopérer avec la médecine à
travers les plantes.
Une collaboration à encourager, le
Bénin y travaille
« La quête de guérison par les médicaments se
fait aussi par les plantes. Il y a des maladies qu’on peine à traiter dans les
hôpitaux, mais qu’on pouvait guérir si on avait associé la médecine moderne et
la médecine traditionnelle avec une ou deux heures de différence pour
l’application des produits. La complémentarité, je vous assure, c’est super »,
fait constater Donatien Gnongon, tradi-thérapeute, missionnaire pastoral depuis
1996. Il mène des recherches depuis son installation à Natitingou sur les
vertus des plantes qu’il applique aux maux et rassure que le résultat est
extraordinaire.
Faisant remarquer que les ministères de santé des
gouvernements mondiaux ont déjà homologué, accepté, avec le soutien de l’Organisation
mondiale de la santé (Oms) que la santé moderne et traditionnelle se complètent,
le pasteur souhaite que le mécanisme de collaboration soit réactivé. Il a
affirmé que ladite collaboration n’est plus à penser, elle l’est déjà et mise
en vigueur, sauf que ça traine. « Il faut que nos gouvernants comprennent
que ça traine et qu’on ne doit pas liquider, brader l’intérêt du plus grand
nombre. En toute sincérité, je remercie beaucoup le gouvernement de notre
président Patrice Talon qui est en train de mettre en place les jalons
nécessaires. Mais je prie que cela ne stagne pas », confie Donatien
Gnongon.
Aux tradi-thérapeutes, dit-il, le ministère de la Santé
partage des registres et régulièrement il y a des formations à leur profit pour
se mettre à jour avec le niveau de progression dans la médecine. Ces registres
sont partagés, témoigne le missionnaire pour que de temps en temps, il y ait
des suivis pour voir comment les tradi-thérapeutes prennent en compte les
malades ou pour apprécier les cas de maladie qu’ils reçoivent et comment ils les
traitent. « Le gouvernement de Patrice Talon est en train de faire des
efforts colossaux pour que la collaboration devienne réalité. Je prie que ça ne
traine pas », a insisté Donatien Gnongon.
Il a expérimenté et remarqué qu’il y a des virus sur
lesquels l’effet des médicaments tarde à agir, mais une fois que ce champ de
résistance reçoit les produits phytosanitaires, le résultat est vite atteint. Le
type de collaboration pourrait définir les modalités de référence d’un cas de
l’hôpital vers la médecine traditionnelle et vis-versa. Donatien G. suggère qu’avec
le système envisagé par le gouvernement, la confiance à certains d’entre les
tradi-thérapeutes puisque la finalité c’est de sauver des vies et non de les
laisser retourner en famille parce que l’hôpital n’en peut plus, obligeant les
parents à dépenser toute une fortune sans satisfaction. Pour avoir souffert des
années de maladies, il garde à l’esprit les vertus des plantes qui ont été
utilisées pour sa guérison. Les plantes ont parachevé les efforts inachevés des
hôpitaux, dit-il.
Qualité des produits, une
certitude
Il conseille de faire recours aux plantes, pour
renforcer les produits pharmaceutiques. Elles sont bien disponibles et à la portée
des hommes qui n’y attachent pas d’importance. « Dans les villages, le
paysan est en train de mourir sous l’arbre à pharmacie et il se plaint de
n’avoir pas les moyens pour aller à l’hôpital. Il y a des herbes qu’on sarcle au
champ parce qu’elles nous dérangent, mais il suffit de chercher une seule
variété, préparer et boire matin et soir pour ne plus jamais tenter d’aller à
l’hôpital », a-t-il affirmé.
Un effort se fait grâce à la formation, indique
Mahafouz Baparapé pour assurer une bonne qualité des produits afin d’éviter le
procès souvent fait aux tradi-thérapeutes. Les autorités en charge de la santé
ont un regard dans la médecine traditionnelle dont les acteurs sont formés et
recyclés pour sortir des produits phares. La loi n°2020-37 du 03 février 2020 portant protection de la santé des
personnes en République du Bénin dispose en la matière. La formation prend en
compte la mise en bouteille des produits pour qu’ils gardent toutes leurs propriétés,
comment composer des produits sans effets secondaires, le mode de consommation
... « Tout s’apprend au cours des formations et je pense que cela nous
aide à avoir de bons résultats si on s’associe avec les acteurs de la santé »,
détaille Mahafouz.
Il félicite les autorités qui
travaillent à rapprocher les deux médecines par la formation et sensibilisation
sur les lois en vigueur au Bénin et la visite récurrente des structures de la
direction nationale de la santé publique au niveau des centres de fabrication
des produits phytosanitaires pour s’enquérir des modes de production, l’efficacité
et la posologie des produits...
Baparapé constate que des
besoins en matériel ainsi que des appuis sont attendus des autorités pour
soulager les patients que les centres traditionnels accueillent lorsque
l’hôpital les rejette. Il en a accueilli trois cas au moins à Natitingou dont
il s’en est occupé avec l’assistance d’un aide-soignant.
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