mercredi 18 janvier 2017

Suspension des organes de presse au Bénin, la HAAC sous forte pression



Les hommes des médias se sont retrouvés une deuxième fois ce mercredi 18 janvier 2017 pour manifester contre la fermeture des organes de presse abusivement suspendus. Mais le sit-in prévu pour se dérouler à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication a finalement été tenu à la Bourse du travail. Et pour cause, le président de la Haac, Adam Boni Tessi s’est opposé à toute négociation avec les journalistes.


C’est avec beaucoup de consternation que les journalistes ont appris la nouvelle ce mardi, veille de leur sit-in à la Haac. Le président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication Adam Boni Tessi, par courrier, a informé l’Union des professionnels des médias du Bénin qu’il ne veut pas recevoir les professionnels des médias pour quelque manifestation. En lieu et place de la Haac pour protester contre l’acte de son président et exiger par l’occasion la réouverture des organes de presse suspendus, les professionnels des médias se sont retrouvés à la Bourse du travail avec la caution des secrétaires généraux des confédérations syndicales, pour exprimer leur indignation contre la privation des libertés de presse. Face au refus du président Adam Boni Tessi de recevoir les hommes des médias pour une manifestation pacifique, l’Upmb entend porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale le traitement peu orthodoxe que le garant de la protection de la liberté de presse fait des hommes des médias. Tour à tour les secrétaires généraux des confédérations syndicales ont exprimé leur soutien aux journalistes, déplorant de fait, les attitudes d’un président hostile à la négociation. De Noël Chadaré à Emmanuel Zounou en passant par Maxime Amoussou, la réaction est la même : lutter contre les prédateurs de la liberté de presse et d’opinion sans laquelle la démocratie n’a pas de sens.  Face à la situation, la réaction doit être de taille, clament-ils à l’unanimité félicitant l’Upmb et demandant de réitérer chaque fois jusqu’à satisfaction. Le secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin (Cosi-Bénin), Noël Chadaré, dans la même veine, a fustigé le comportement des membres de la Haac qui n’ont pas respecté la procédure de fermeture des organes de presse. Il a invité les journalistes à rester ensemble sans dispersion car la cause est la même, le combat est pour tout le peuple béninois.
 Pour lui, le lieu de manifestation indiqué pour ce sit-in n’est pas la Bourse du travail mais plutôt le siège de la HAAC. «Il faut une forte répression de la part des professionnels des médias, pour que la corporation des journalistes soit respectée. Vous devez dès à présent penser à une journée presse morte, car les sit-in du genre ne résolvent pas totalement ces dérives des gouvernants », a soutenu N. Chadaré très remonté contre le silence du chef de l’Etat qui ne fait rien pour prouver sa bonne foi dans ce dossier. Il souligne que chaque jour, un climat de peur s’installe au Bénin. « Mais les syndicalistes affûtent leurs armes ».
Gustave Assah, président de Social Watch Bénin présent à ce sit-in a exprimé son désarroi face à cette situation qui peut faire reculer le Bénin sur certains plans. Il a conseillé aux journalistes de voir dans quelle mesure la Cour suprême peut être saisie à travers la chambre administrative. «Car nous sommes dans un pays de droit », a-t-il martelé.  « On ne touche pas à la liberté de la presse, parce que sans elle, il n’y a pas de démocratie », c’est pour ces raisons que le Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel soutient ce sit-in jusqu'à ce qu’il y ait rétablissement de ces organes suspendus, a soutenu le vice-président du Cnpa, Joël Ahofodji. Il a rappelé que les emplois sont menacés et cette mesure de la Haac touche aussi l’économie car il s’agit des entreprises qui sont en danger. Le président de l’Upmb a rappelé que la liberté de la presse ne doit en aucun cas subit d’entrave. C’est pourquoi il en appelle au sens de responsabilité du président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication pour décanter dans les meilleurs délais la situation. Car il est inconcevable que des journalistes soient mis au chômage pour fait de suspension illégale.

Boni Tessi, une menace à la liberté de presse ?
Les interventions de l’Union des professionnels des médias du Bénin font croire cette hypothèse. Pour Franck Kpochémè, dans une déclaration lue devant un parterre d’hommes de médias «le président de la Haac est resté campé sur sa position visant à violer la Constitution, la loi organique de la Haac et le Code de l’information et de la communication. Il est dans une logique de restriction des libertés sur fond de menaces, d’injures et d’intimidations malgré la médiation de l’Union islamique du Bénin et de la Fondation Malêhossou ». Rappelons que les médias dont les activités ont été suspendues il y a près de deux mois par la Haac, au motif de non-respect de leurs conventions, sont : Radio Soleil Fm et les chaines de télévision Sikka Tv, Eden Tv, E-télé, La Béninoise Tv, La Chrétienne Tv et Unafrica Tv.
 

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